La Flemme
La Flemme
Il est des jours comme ça ou rien ne veut sourire,
Pas la moindre lueur ne traverse l'esprit.
On est là, on attend que le ciel nous dédie
Une pincée de mots pour comprendre et écrire.
Ni même une couleur sur la morne palette
Où le pinceau se meurt de ne servir en rien.
Pas un soupçon de trait, esquisse d'un dessin
Qui peine à prendre forme, quand le crayon s'embête.
Le tissu se lamente dans sa trame inviolée,
Quand même le ciseau s'incruste dans sa place.
L'aiguille s'engourdit et le fil se prélasse
Autour d'une bobine en manque d'activité.
La cuisine s'ennuie, mon Dieu, je n'ai pas faim.
Verres éparpillés, l'évier se prend la tête,
Les assiettes à côté soupirent leur mal être;
Je ne prendrais ce soir qu'un petit bout de pain.
Dans la chambre en pénombre les stores sont baissés,
Le lit est en bataille, à ses pieds l'édredon
Gît, pareil à une crêpe décollée du plafond,
Couvert tel un suaire, du drap de lit, tombé.
Sur le chevet ciré le livre fait sa sieste,
Une main engourdie ne veut le feuilleter.
L'envie a fui l'esprit en perdant l'intérêt
Que le savoir évite sans demander son reste.
Je suis las. Pantin articulé en recherche de gite,
Comme l'ide écarlate tournant dans son bocal,
Je vire et puis me traîne au gré de mon moral,
Qui semble en cet instant atteint de flemmingite.
Que puis-je ressentir en ces heures paresse ,
Un joug de lassitude, des chaînes de remords,
Que mes nuits et mes jours, mes nombreuses aurores
Ne m'ont rien apporté qu'une immense mollesse?
Et me voila recru tout mon visage est blême.
Mon corps n'est qu'une plaie, mon dos une paillasse
Mes jambes du coton et mes pieds des limaces,
Vivement mon divan. Oh la la, quelle flemme.
Georges Gabriel
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