le Monde de Mathusa

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Donner

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Donner
 
Tout au fond de nous-mêmes, dans nos secrets tiroirs,
Nos envies dépliées se reflètent au miroir  
De notre réflexion, de nos vœux les plus chers  
Qui délient notre cœur en offrandes sincères.  
Lui joue de ses atouts, de ses dons innombrables  
Qu’il puise à même l’âme, dans ses états palpables . 
Il prend, se sert, amasse et remplit son panier,  
Pour aller sans regrets, aider, distribuer . 
De tous les verbes actifs dont son monde dispose  
Il en est un sublime, qui va servir sa prose,  
Lui permettant d’écrire avec facilité,  
Ce dont il est capable d’offrir à volonté.  
Ce verbe inaltérable, demandant de l’amour  
Se suffit d’un sourire, d’un merci sans retour.  
Il n’a besoin de rien, se pare de justesse  
Car tel un beau cadeau, il gomme la tristesse.  
Avec lui tout est don, rien n’est en numéraire  
Donner n’a pas besoin de tout cela pour plaire.  
  
Donner est une joie intérieure et profonde,  
Mais donner c'est aussi se charger de ce monde,  
Des drames, des malheurs, des lourdes solitudes,  
Où il ne fait pas bon sombrer en habitude.  
Donner porte l’espoir et déleste les peines.  
Il recouvre de bleu, le noir décor des scènes  
Où tout est en disgrâce, en souffrance de larmes  
Où même le plus fort va déposer ses armes.  
Donner poste l’attrait d’un moment de chaleur  
Lorsque le sort impose des strates de froideur.  
Avec lui se dessine un sourire aux visages,  
S’égayant à l’éclat d’un bienheureux message.  
Donner est une paix, une infinie tendresse,  
Un geste de bonté, une douce caresse, 
Un air frais salvateur éloignant l’asphyxie,  
Là quand tout un chacun semble être à l‘agonie.  
Donner, tel un grand fleuve au parcours imposant,  
Fertilise à jamais un esprit défaillant.  
  
Mais donner ce n’est pas rechercher de la gloire,  
Et ce n’est pas non plus octroyer des pourboires.  
Rien n’est à renflouer au naufrage d’un homme,  
Hormis de le guérir de ses erreurs, en somme.  
Donner c’est avant tout rendre à l’aveugle, vue,  
Afin qu’il puisse trouver sa route dans les nues.  
C’est aussi au muet le fleurir de paroles,  
Pour que de chaque mot il en tire symbole.  
C’est redistribuer confiance en la personne  
Sans laquelle le glas dans la tête, résonne.  
C’est retrouver la foi en la vie, en soi même,  
Qu’enfin tout rejaillisse comme sous l’action du chrême.  
A celui qui a faim, de comprendre et savoir,  
On ne donne pas du pain, on redonne l’espoir.  
Quant à ceux qui ont soif dans leur désert intime,  
Il n’est point besoin d’eau comme hydratant ultime.  
Un mot, une parole suffisent à apaiser.  
Ne cherchez pas à plaire, mais humblement : Donnez !  
  
Georges Gabriel  
 
 


03/05/2020
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