le Monde de Mathusa

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Rama

rama

 

 


Rama

Namrata sanglotait par la triste nouvelle
Que le chef du village venait lui annoncer.
Et parmi les tissus, les nappes et les dentelles,
Elle tomba éplorée.

Courbée devant Lakshmi sa déesse patronne,
Pleurant à chaudes larmes sous le poids du chagrin,
Elle implora les dieux pour qu'ils ne l'abandonnent
A son triste destin.

Depuis longtemps déjà, lors d'une chasse au félin
Avec plusieurs amis, tous autant fous que lui,
Adesh son cher mari, mit fin à son chemin,
En y laissant la vie.

Elle avait tout tenté pour l'en dissuader.
Et n'aimait pas le fait de s'en prendre à Shiva.
Qu'il était bien plus sage de ne pas affronter
Le tout puissant Rama.

La forêt alentour est domaine gardé
Les hommes belliqueux n'y trouvent aucun abri.
Le seigneur de céans demande du respect
Et pas un seul défi.

L'inconscience est souvent des hommes, l'apanage.
Se mesurer au fauve n'attend pas de pardon.
D'un beau tigre puissant, d'une merveille sauvage
Ils en firent un démon.

Ce fut depuis ce jour, une malédiction.
Rama dans sa fureur, s'en prit aux gens du coin.
De tigre du Bengale, autant fort qu'un lion,
Mangeur d'hommes, il devint.

Du coup sur le village, le malheur s'abattit.
Chacun avait compris de quoi il retournait.
Les enfants, les vieillards ramenés aux abris
De terreur frémissaient.

Les femmes se chargeant d'assurer l'intendance,
Inquiètes malgré tout dans leurs déplacements,
S'armèrent de machettes, bien fragiles défenses
Face au diable rôdant.

Les hommes tinrent conseil. Et la foi comme armure
Armèrent les fusils tout en courbant le dos.
Sabres et coutelas accrochés aux ceintures,
Ils attendirent l'assaut.

Quand des feulements sourds parvinrent au village
Comme des gémissements, tels des cris de douleurs,
Namrata décida de retrouver courage
Et surmonter sa peur.

Il y avait dans ces cris, un appel au secours.
Tout comme un besoin d'aide, une sorte d'abandon,
Elle comprit que le ciel attendait son concours
Pour obtenir pardon.

Elle avança, fragile, parmi les hautes herbes.
Adesh avait failli, elle devait réparer.
Par des fleurs de Lotus, elle construisit une gerbe
Pour ce dieu rancunier.

Elle s'arrêta soudain au bord d'une clairière,
Le fauve gémissant gisait sur le côté.
Il paraissait touché sur une patte arrière
Qu'une épine blessait.

Namrata approcha et caressa la bête.
Tout en priant le ciel de vouloir l'épargner.
Le fauve se raidit et, redressant la tête,
La laissa opérer.

Ce ne fut pas sans mal, l'entaille était profonde.
Les coussinets percés, la marche interdisaient.
L'épine d'églantier eut besoin d'une sonde
Pour être retirée.

Quand tout fut terminé, dans un silence lourd,
Rama se redressa, tel superbe félin.
S'approchant de la femme il lui tourna autour
En lui léchant la main.

Ainsi dès cet instant, dans le village en paix,
Chacun put adresser ses prières à Shiva.
Namrata en ferveur, totalement exaucée,
Remercia Rama.

Georges Gabriel



05/05/2020
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