le Monde de Mathusa

Partir 
 
Il en est des actions, comme il en est des verbes,  
Pareil des expressions tel aussi des proverbes.  
Cerner ce qui nous sied, laisser ce qui rebute,  
Oter ce qui dérange, aimer ce qui débute.  
 
Changer d'air, changer d'âme, muer vers un mieux être.  
Ne pas se retrouver dans un autre paraître.  
Laisser ses oripeaux, et bien mieux se vêtir,  
La valise à la main, s'empresser de partir.  
 
Partir c'est s'en aller sans demander son reste.  
Sans même un au revoir. sans un seul mot d'adieu.  
C'est fuir la lassitude tout comme on fuit la peste  
Mourir à la routine, pour s'agiter un peu. 
  
C'est bondir à l'appel d'une porte entrouverte.  
C'est déloger l'épeire du jardin de l'ennui,  
Déraciner ses pas de la cité déserte,  
Afin de s'engager sur un chemin de vie.  
 
C'est dessiner la trame d'un tout nouveau roman,  
Une histoire nouvelle, en changeant de décor.  
Voir de nouveaux visages,un autre firmament,  
Et toucher à l'espoir en engageant l'effort.  
 
Partir c'est s'effacer, tirer sa révérence,  
En laissant derrière soi le poids de tant d'années,  
Alourdies par le joug d'imposantes souffrances   
Qui ont bridé nos jours, et brisé nos souhaits. 
 
Partir c'est pour tout dire délaisser notre haine,  
Dans laquelle sont enfouis avec le désespoir,  
D'envies inassouvies, le trop plein de nos peines,  
De larmes et de rancoeur, de tristesse et de noir.  
 
Il en est des actions parfumées d'espérance,  
On reprend du collier, on s'arme de patience  
Dès lors que l'on agit pour les réaliser,  
En fonçant vers la vie, sans ne jamais douter. 
 
Il importe avant tout de ne pas se tromper,  
Ainsi sommes nous faits, frèles esquifs imparfaits.  
Mais quand le coeur commande, surviennent les tourments.  
Qui nous font retoucher aux mêmes errements.  
 
Alors que reste-t-il, hors prier et attendre,  
Chercher, creuser, fouiller, sous la terre dans la cendre,  
Et pour trouver racine: Oser enfin partir.  
 
©Georges Gabriel