A Marie Madeleine
A Marie Madeleine,
Elle s’en était allée sur la pointe des pieds,
Sans un mot, sans un cri, telle une ombre qui passe.
Les larmes dans ses yeux inondaient sa disgrâce,
Une goutte de sang scellait son poing fermé.
Dans les ruelles sombres au gré de son errance
Sous les rires narquois de mornes individus,
Le cœur défait, vidé de son amour perdu,
Que les mains des bourreaux plongèrent au silence.
Elle avait tout tenté afin de le sauver,
Offrant jusqu’à sa vie, priant qu’on la lui prenne
Et s’écroula brisée en entendant la peine
Que cet édile infâme venait de prononcer.
Elle suivit le cortège ne sachant plus que faire,
Ignorant le pourquoi cette foule abreuvait
D’injures et de crachats son tendre bien aimé,
Dont le chemin montait jusqu’au lieu du calvaire.
Lorsque tout fut fini, quand le rideau tomba,
Par la pierre roulée au devant de la tombe,
Elle s’en repartit se diluant dans l’ombre
De celui qui en elle son verbe déposa.
A son tour à présent de prendre la relève,
De faire suivre les mots, les encouragements,
Remettant aux amis le glorieux testament,
Qu’il fallut édifier sans relâche, sans trêve.
Son rôle terminé, c’est alors qu’elle s’en fut,
Bien au-delà des mers, par vallées et montagnes,
Avec mère nature comme unique compagne,
Se retirant au sein d’une grotte perdue.
Il est très dur parfois de supprimer la haine,
Quand une triste histoire abat un innocent.
Mais ainsi fut contée cette vie de tourments
De la femme perdue, adultère et sans gêne.
Il est curieux pourtant que la miséricorde
Soit offerte d’un trait à Marie Madeleine.
Est-ce par ignorance que nous traînons nos peines
Ou pour implorer Dieu afin qu’il nous l’accorde.
C’est ainsi voyez-vous que ce lot de déboires,
Peut trouver dénouement sous une autre vision.
Quand l’aveugle à la vie veut considération,
Il amasse ses biens dans une sombre gloire.
Et pourtant la nature a bien tendu la trame.
Elle laisse des indices partout où elle peut,
Il est simple à comprendre avec la grotte aux œufs
Ce qu’elle attend toujours du monde de la femme.
Evitons de tomber dans le bel angélisme,
Donnant de l’espérance à tous les démunis,
Car en parlant de Dieu, il n’est pas de maudits,
Nous sommes tous géants malgré notre nanisme.
Et Marie Madeleine alors qui donc est-elle ?
Parlons-nous d’une fille ou encore d’une mère ?
Cette mère nature présente sur la terre
Qui donne à tout humain un abri sous ses ailes.
Modifions nos pensées, changeons notre regard,
Ne fermons pas les yeux sur le jeu des images,
L’intelligence est belle et quand elle n‘est pas sage,
Elle ne peut recourir à l’impossible hasard.
Une chose est certaine, car elle est vérité,
Tout ce qui est en nous, existe aussi dehors.
On ne trouvera rien en fouillant le décor,
Que l’illusion d’un rêve que notre esprit émet.
Voila que tout est dit, car tout est bon à prendre,
Si l’on tient à garder sa fausse liberté,
La mort est bien présente pour tout égaliser.
Alors que reste t-il, hors prier et attendre.
©Georges Gabriel