le Monde de Mathusa

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Le Château d'If

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Le Château d'If  
 
Dans les couloirs humides que vente le Mistral,
J’avais gravé un cœur d’une main inexperte.
Insouciante jeunesse vouée aux découvertes   
Où dans nos dix sept ans l’on cherche l’idéal.    
C’est ainsi que la vie dans sa métamorphose   
Te charge de désirs, de plaisirs en frissons, 
Que le temps alourdit de ses souliers de plomb 
Dans le fil souvenir d’une ligne de prose.  
 
Suis le loup, la daurade, balance au loin le vif, 
Sur la crête des vagues, puise la blanche écume, 
Ne crains pas le courant, ni les cornes de brume 
Et laisse-toi porter au pied du château d’if. 
 
En automne de vie sur le banc d’un pointu, 
Mon vieil ami pêcheur répond à ma requête. 
Il me mène d’un trait au lieu de mes conquêtes, 
Dont je ne sais depuis, ce qu’elles sont devenues.  
Elles sont mères à présent et grand-mères peut-être ; 
Ont-elles encore gardé leur tout premier amour, 
Dans le jardin secret alignant leurs atours, 
Quand elles les présentaient aux heures du paraître.
 
Suis la vive, le sar, veille au congre captif 
Dans le creux de la vague, redéfini le monde, 
Ne crains pas le ressac ni le tonnerre qui gronde, 
Et laisse-toi porter au pied du château d’if. 
 
L’éphèbe en séduction dérangeant l’esquinade* 
Remontait vers sa belle une grappe d’oursins ; 
Nos rires explosaient comme des clairs matins 
Que ciselait l’amour en tendres embrassades.   
Aujourd’hui sur le quai, sous mes paupières closes,
De poches peu glorieuses et de rides en sus, 
Je me laisse porter à l’inconscient lapsus, 
Dont les désirs passés entretenaient l’hypnose.
 
Suis le loup, la daurade, balance au loin le vif
Sur la crête des vagues, puise la blanche écume
Ne crains pas le courant, ni les cornes de brume
Et laisse-toi porter au pied du château d’if 
 
Depuis l’éclat de l’aube au souffle du zéphyr,
Les jours ont étagés les strates du destin. 
A l’espoir de la joie suit la moue du déclin, 
Que le cœur et le corps ne cessent de subir. 
Je le sais que de vivre en proie au relatif,
Ne laisse que regrets en points de suspension. 
Sur mes jambes fragiles usées par l’érosion, 
Mon esprit me transporte au pied du château d’if
 
Suis la vive, le sar, veille au congre captif  
Dans le creux de la vague, redéfini le monde,
Ne crains pas le ressac ni le tonnerre qui gronde 
Et laisse-toi aimer au pied du château d’if
 
©Georges Gabriel 
 
 
*esquinade : araignée de mer.
 
 

 

 

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11/04/2020
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